18/06/2025


INTERVIEW – Madame DURIER

À l’occasion de la Journée nationale du don d’organes, Madame Durier, habitante de Breteuil, a accepté de livrer son témoignage. Elle revient sur la perte tragique de son fils Benoît, âgé de 27 ans, victime d’un accident de la route. Dans cette épreuve, elle a fait un choix courageux : dire « oui » au don d’organes.

Aujourd’hui, Madame Durier prend la parole, à la fois pour honorer la mémoire de son fils et pour sensibiliser sur la question du don d’organes. Un témoignage sincère, marqué par le courage, l’amour et l’espoir.


"Il faut en parler. On peut sauver des vies."

Une tragédie brutale

Benoît venait tout juste de commencer un nouvel emploi à Grandvillers. Un jeune homme dynamique, engagé, passionné par le sport et profondément investi dans la vie de sa commune. Mais tout a basculé un jour de décembre."Il sortait d’un parking après avoir fait des courses. Une voiture, qui roulait à 165 km/h sur une route limitée à 30, l’a percuté. Benoît est tombé immédiatement dans le coma."

Hospitalisé, Benoît est placé sous assistance vitale. "Je pensais qu’il allait s’en sortir, qu’il allait se réveiller. Il était branché de partout. Les machines le maintenaient en vie, le temps d’évaluer l’activité de son cerveau."

Le lendemain, les médecins appellent la famille. Benoit s’éteint le 2 décembre, au lendemain de l’accident. "Ils nous ont dit qu’il fallait faire le point. On a tout de suite compris."

Un choix difficile, un geste de vie

Engagé de son vivant, Benoît donnait régulièrement son sang. Mais concernant le don d’organes, rien n’avait jamais été évoqué au sein de la famille. Lorsqu’il a fallu prendre cette décision, ce silence a pesé.

"Nous avons dit oui, sans savoir que c’était son souhait. Et puis j’ai appris, plus tard, qu’il en avait parlé avec une collègue du centre social de Breteuil. Elle portait une carte de donneur, ce qui avait ouvert la discussion entre eux. Quand j’ai su qu’il y était favorable, ça m’a soulagée. Parce que prendre cette décision dans un moment pareil, c’est très dur." Grâce à ce choix, trois personnes sur quatre ont pu être sauvées.

"J'appelle régulièrement Catherine, la coordinatrice du don d’organes, pour avoir des nouvelles. Elle m’a dit qu’un jour, elle pourrait aussi m’en donner de moins bonnes. Mais savoir que d’autres vivent à travers Benoît me soulage »

Benoît était un jeune homme sain, sportif, généreux. Il ne fumait pas, ne buvait pas. Il jouait au foot, au basket, participait à la vie associative locale. Un tournoi de football est d’ailleurs organisé chaque année autour de la Pentecôte en sa mémoire.

"Moi, j’ai été suivie par une psychologue après le drame. Cela m’a beaucoup aidée. Pas un jour ne passe sans que je parle à Benoît. Et ce n’est pas parce qu’il n’est plus là qu’il ne faut plus le faire vivre."

Un message à transmettre

Aujourd’hui, Madame Durier prend la parole pour que d’autres familles n’aient pas à porter seules le poids de cette décision dans un moment aussi difficile. Son témoignage est un appel à la réflexion, au dialogue, mais aussi à la solidarité.

Parler du don d’organes avec ses proches, c’est déjà un premier pas vers un geste qui peut, un jour, sauver des vies.